<< Le hasard n'existe pas >> || PV

Invité

La route s’étendait derrière la voiture. Elle se prolongeait juste devant le pare choc avant. Des kilomètres et des kilomètres de routes à perte de vue, et tout autour, la campagne. Cela faisait plusieurs heures que je conduisais dans un calme absolu. A côté de moi, j’entendais la respiration régulière de Jones, mais aucun son ne sortait jamais de sa bouche. De temps à autre, des voitures hors d’état de marche et des voitures brûlées étaient éparpillées sur la route. Je les évitais facilement, tout ça était bien différent des bouchons que l’on avait l’habitude de rencontrer à ce même endroit. J’avais envie de parler, de dire à la jeune femme qui se tenait à côté de moi à quel point je l’aimais. Je repensais à notre baiser échanger en face d’un splendide coucher de soleil. Mais, cette image était toujours accompagnée du visage de Calista, de plus en plus présent en mon esprit. Je serrais les dents. Peut-être était-elle morte, alors pourquoi me hantait-elle ? Sûrement une sorte d’instinct qui me disait qu’elle était toujours là, sur cette terre. Sauf que je n’avais jamais cherché à la retrouver. J’avais seulement entrepris de rechercher Wayne, le fiancé de Ella. Je ne savais même pas moi-même pourquoi je n’avais pas entrepris de voyage pour retrouver ma fiancée. Calista. Je voyais son visage à chaque fois que je fermais les yeux, je rêvais d’elle chaque fois que je sombrais dans les bras de Morphée, et son visage s’imposait à moi à chaque fois que je pensais à l’amour que j’éprouvais pour Jones. Était-il possible d’aimer deux femmes à la fois ? Je n’en savais pas grand-chose, même rien pour tout dire. Pourtant, j’avais l’impression que cette chose était possible. Il ne me suffisait que de voir la chose que j’étais en train de vivre. Au bout d’un certain temps, Ella tourna son visage vers moi. Je sentais son regard m’enrobait, ma joue me picotait à la pensée que son regard s’était arrêtait dessus. Ma bouche frémissait à la pensée de notre baiser échanger. Et aussitôt, le visage de Calista revenait à la charge pour faire grandir une culpabilité naissante. Je m’obligeais à ne pas lui échanger son regard, et continuais à regarder la route. Mon cœur se serrait à l’idée de cette punition que je m’infligeais moi-même. Je refoulais mes larmes, pourquoi fallait-il que la vie soit si compliquée ? « Tu fais la tête ? » La voix d’Ella s’était élevée dans l’habitacle de fer de la voiture, mettant un terme au silence pesant qui y régnait. Je soupirais. Je ne pouvais pas lui répondre. Non, bien sûr que je ne lui faisais pas la tête. Mais à moi, je me faisais la tête. J’étais un être indécis, il fallait être un véritable monstre pour aimer deux femmes à la fois. Car au final, une des deux finira bien par souffrir, ou peut-être même moi-même. Je lançais un regard dans sa direction, tentant un léger sourire. « Non, pas du tout... » Je partis dans un léger rire, qui fut très bref. A qui mentais-je ainsi ? A elle ou à moi ? Peut-être bien aux deux en fin de compte. « Pourquoi tu es triste alors ? » Elle n’avait pas l’air de lâcher le morceau. On aurait presque put croire qu’elle était présentatrice d’un jeu télé. Elle posait les questions aux candidats, sauf que ce jour là, il n’y avait qu’un unique candidat. Et que ce candidat, c’était moi. Je continuais de regarder les routes, cherchant mes mots. A plusieurs reprises, les mots que je voulais dire poussèrent sur la paroi de mes lèvres, et je ne les retenait qu’avec une infime justesse. J’hésitais. Si je répondais que je n’étais pas triste, elle risquait de ne pas me croire, et l’interrogatoire continuerait indéfiniment. Je préférai attendre un léger moment pour finir par détourner le sujet. « Tu crois qu'ils sont morts ? Vraiment morts ? » Je jetais un autre regard dans sa direction. Elle avait tout de suite compris de qui je parlais. De Wayne et de Calista, nos fiancés. Elle semblait se mettre à réfléchir, tandis que moi je me remettais à observer la route, longue et sinueuse, se déroulait devant nous. « J'en sais rien... » Sa voix était faible, mais malgré tout, j’y percevais la crainte. Ma présence devait à peine la réconfortée, son cœur était toujours pris par Wayne. A moins qu’elle aussi soit partagée sur ses sentiments. Je jetais de nouveau un rapide regard vers elle, elle fixait ses pieds, comme ci elle était plongée dans ses pensées. Je regardais une nouvelle fois la route pour vérifier qu’aucune voiture solitaire ne nous barrait la route, puis je retournais mon regard vers elle. Je lui fis un bref signe de tête qui se voulait réconfortant. Ses yeux étaient emplis d’une profonde tristesse, que j’aurais voulu lui supprimer à tout pris. Je préférais porter le poids du monde sur mes épaules que de la voir dans un tel état. « ATTENTION ! » La voix de Jones retentis comme un coup de tonnerre. Elle avait levé la tête et regardait à présent la route qui s’étendait devant la voiture. Je tournais la tête pour regarder devant moi. Nous foncions tout droit sur une voiture, arrêtée en plein milieu de la route. Je déglutis. « Ah putain, la merde. » La Jaguar était lancée à trop grande vitesse pour que je ne l’arrête à temps. Serrant le volant dans mes mains, je le tournais de toutes mes forces sur la gauche en appuyant sur le frein. La Jaguar partie sur le côté, mais percuta tout de même la voiture de son flanc droit. Elle partie de plus en plus vite sur le côté, et commença à rouler sur elle-même. Nous aurions put nous arrêter sur le toit, mais la Jaguar continuait de rouler sur elle-même.

Invité

(c) tumblr

Leur relation était tout aussi sinueuse et mystérieuse que la route qui s'étendait devant eux. Ils se comprenaient toujours à une vitesse impressionnante. Du moins, Ella avait l'impression de capter la plupart des expressions de son acolyte. Et c'était agréable, bien sûr. Après tout, ils voyageaient ensemble depuis plusieurs mois à présent, c'était normal qu'ils se connaissent un minimum. Malgré tout, une distance se glissait parfois entre eux deux, ce qui était d'autant plus troublant lorsqu'on connaissait les bons rapports qu'ils pouvaient entretenir.
Mais ce jour-là n'était clairement pas l'exception : quelques regards avaient suffi à se comprendre. La jeune femme l'avait regardé, comme elle le faisait si souvent. Elle trouvait sa présence rassurante, et elle aimait observer son ami, elle aimait le voir vivre, tout simplement. Des sentiments plus qu'amicaux étaient sans doute la cause de ce besoin irrépressible de le savoir proche, mais elle continuait à se voiler la face, ne pensant aimer qu'un seul homme : son fiancé, Wayne. Quelle surprise aurait-elle lorsqu'elle se rendrait compte que son fiancé était tombé sous le charme de la fiancée de Declan !
Peu importe. Ils étaient donc sur la route, dans la voiture et avait une petite conversation. C'était toujours les mêmes doutes, les mêmes espérances. Leurs fiancés étaient-ils morts ? Non. Declan et Jones aimeraient-ils rester ensemble même s'ils l'apprenaient ? Sûrement. Cependant, aucune réponse ne fût véritablement annoncé. Ce n'était qu'un petit « J'en sais rien... » que la demoiselle avait répondu. Et c'est vrai, elle ne savait pas... Même si l'espoir commençait à disparaitre, un peu plus chaque jour.
La tête baissée, elle repensait à sa vie d'avant, à l'amour qu'elle avait partagé avec celui qu'elle pensait être l'homme de sa vie, à toutes les merdes auxquels ils avaient survécu... Et puis, il y avait Declan, qui la fixait à ce moment-là. Elle releva le menton au bon moment et vu une voiture en plein milieu de la route, comme si elle venait subitement d'apparaitre pour leur barrer le chemin. Sans perdre une seconde, elle s'écria : « ATTENTION ! »
Durant toute la manœuvre, Jones avait la bouche bée et les yeux écarquillés, elle savait que le jeune homme allait forcément immobiliser la voiture et qu'ils allaient finir par rire de cette péripétie plus tard... Mais non. Malgré la dextérité de Declan, la Jaguar percuta l'autre voiture d'une telle façon qu'elle commença à faire des tonneaux sur la route. Criant de toutes ses forces, voyant sa vie défiler devant ses yeux, ce fût lorsque la voiture s'arrêta que les cris de Jones s'arrêtèrent à leur tour. Elle était inconsciente après s'être cogné la tête pendant que la voiture était en pleine rotation sur elle-même. Elle n'allait pas tarder à se rendre compte qu'elle s'était légèrement froissée l'épaule et que sa jambe n'avait pas apprécié ce qui venait de se passer : un bout de verre était venu lui déchirer la peau.
Quelques minutes passèrent avant qu'elle ne reprenne conscience. Elle ne se rendit pas trop compte d'où elle avait mal et quelle était la situation. Elle était encore trop sous le choc pour se dire que son épaule la faisait souffrir et que du sang glissait sur sa cuisse. Le fait d'être la tête en bas n'aidait pas non plus à comprendre. Elle passa vaguement une main dans ses longs cheveux bruns pour enlever les quelques morceaux de vitres qui s'y trouvaient et tâtait la paroi intérieure de la voiture, comme si faire cela rendait la situation plus réelle. Elle était toujours autant perdue et se demandait si elle n'était pas partiellement en train de rêver. Pourtant, elle savait parfaitement ce qu'elle devait dire. Et la seule chose qu'elle murmura, la voix vibrante sous l'émotion, fût : « Declan ? » Parce qu'à ce moment-là, lui seul importait.

Comme promis, c'est tout pourri ! *ouuut*

Invité

Je tournais le volant de toutes mes forces, espérant encore que la Jaguar puisse éviter le vieux tacot qui se tenait au milieu de la route. Au début, la Jaguar patinait, ne me laissant même pas m’abreuver d’une seule goutte d’espoir quant à notre issue. Puis, un début de miracle se produisit lorsque les roues de la voiture se braquèrent, et qu’elle se mit à partir en dérapage. J’affichais presque un sourire vainqueur lorsque le miracle se termina pour laisser place à une terreur infinie. Le flanc de la Jaguar finis par percuter le voiture abandonnée. Avec les zombies je savais comment nous protéger, Jones et moi ; mais je n’étais plus maître de la voiture qui s’était mise à tourner sur elle-même. Il ne restait plus qu’à espérer que les dès ne se soient pas déjà arrêter sur notre sort. La voiture ne cessait de rouler sur ses flancs, puis sur le toit, et de tant à autres, elle revenait sur ses roues avant de se remettre à rouler. Elle roulait sur elle-même, nous secouant dans tous les sens. Alors que nous étions plutôt secoués, je n’espérais qu’une chose : que Ella-Jones se porte bien lorsque l’accident serait fini. Mais pendant que la Jaguar roulait sur elle-même, nous n’étions pas les seuls à être secoués dans tous les sens, et je n’avais pas du tout prévu ce qui se passa à ce moment là. Mon fusil que j’avais soigneusement gardé à mes côtés pendant le trajet me tomba dessus, et je recevais le morceau de métal sur mon visage. Je sentis parfaitement ma tempe s’ouvrir sous l’impact et ce certainement jusqu’au milieu de mon front. Bien assez vite, un flot de sang continu venant directement de ma blessure, fini par se loger dans mes yeux, m’empêchant de voir autre chose qu’un profond rouge vif. Cependant, avant que le sang ne me hôte la vue, j’avais distinctement aperçu que la Jaguar se rapprochait dangereusement du fossé qui devait bien contenir un bon mètre de boue. Ce qui, croyez moi, serait bien suffisant pour nous empêcher de respirer, surtout vu la façon dont nous étions entravés aux sièges. A mon grand étonnement, les Airbag n’avaient pas fonctionnaient, n’avaient même pas exquiser un mouvement pour sortir de leurs antres respectifs. Et avec ma vue obstruée par le sang et la voiture qui continuait à nous trimballer dans tous les sens, je ne tarda pas à laisser atterrir ma tête contre le volant - involontairement bien entendu -, ce qui relança malheureusement ma douleur, qui ce fit d’ailleurs beaucoup plus vite. Je portais mes mains à ma tête comme pour me protéger d’une nouvelle attaque qui n’eut pourtant pas lieu. La Jaguar s’était immobilisée. Sur le toit, certes, mais au moins, elle était immobile. Je ne pus retenir un soupir de soulagement, cette fois, c’était fini. Le sang s’était presque entièrement dissipé de mes yeux, mais le rouge continuait à se faire voir. J’avais ainsi la désagréable impression de voir la vie en rose, alors que tout ce que nous vivions était au plus noir de ce qu’il pouvait l’être. « Declan ? » La voix remplit de détresse de Jones résonna dans l’habitacle de la voiture. Je voulais tourner ma tête vers elle pour pouvoir voir son visage, et m’assurer qu’elle se portait bien. Je ne le pouvais pas. La ceinture m’empêchait tout mouvement. Dans un grand effort, je parvins tout de même à me détacher. Je retombai sans souplesse sur le toit de la voiture qui était désormais à mes pieds. Je m’essuyais les yeux d’un rapide revers de main pour éjecter un maximum de sang de mes yeux avant de regarder Jones. Elle n’avait pas l’air blesser, mais avec ce qui nous était arrivé, il fallait faire attention à tout. Je bougeai un peu pour me rapprocher d’elle, ce qui faillit m’arracher un cri de douleur. Je me retins, je ne voulais pas passer pour un faible devant la fille pour qui, j’en étais sûr, mon cœur battait un peu plus de jour en jour. Je fis une grimace de douleur, avant de faire en sorte d’avoir un bon appuie sur mes pieds. La voiture vacilla. Je regardai à travers la vitre qui était sous mes pieds. Nous étions au bord du fossé, et la voiture était dans un équilibre drôlement instable. Nous étions en fait sur le point de tombé. « Ella-Jones… Tu vas bien ? » Le sang s’était remis à couler par ma coupure, et je sentais le sang chaud couler sur mon visage. C’était la merde, il fallait l’admettre. Je ne voulais pas qu’elle me voit dans cet état, mais je n’avais pas le choix, il fallait que je l’aide à sortir de là. Je m’approchais un peu d’elle, et la voiture vacilla un peu plus. « Fais attention, la voiture est sur le point de tomber. »

Si toi c'est pourri, alors moi c'est de la merde de mammouth hein x)